Wednesday, 24 October 2012

Des Pizzas à Madagascar


Un article un peu spécial pour aujourd'hui. Je laisse le clavier à ma Maman pour une très belle cause. Je n'en dirai pas plus (sinon ça tue un peu le concept de c'est Maman qui parle)
A bientôt,
Camille.

" Surement un des plus beaux et des plus émouvants jours de ma vie : celui où j’ai fait des pizzas pour quelques enfants d’un des pays les plus pauvres du monde : Madagascar.
Je séjournais au sein de l’Association Humanitaire AKAMASOA, fondée par le Père Pedro OPEKA  à Antananarivo, Madagascar.


Ce jour-là, le Père me demande si  je sais faire les pizzas,
Pour moi pizza = PizzaHut ou Domino’s pizza.  Jamais fait de pizzas de ma vie !
 Face au Père,  pas question d’avouer mes lacunes en matière culinaire,  me voilà embarquée, malgré moi, à transformer, l’espace d’un soir,  la salle à manger d’Akamasoa en Pizzeria pour tous ces gamins aux grands yeux rieurs et aux ventres vides. Je sentais l’importance que tous attachaient à la mission que le Père venait de me confier : faire des pizzas. Je n’avais pas le droit de les décevoir.
Sans rien laisser paraitre de mon angoisse, je relevais fièrement le défi.
Oui mais comment faire, là-bas loin de tout sans livre de cuisine et surtout sans ingrédients ?
Restons calme.  J’envoie un texto à Camille, qui à l’époque n’avait pas encore ouvert ce blog mais qui était déjà un vrai cordon bleu ! Elle m’envoie la recette par mail  juste avant qu’une pluie diluvienne ne s’abatte sur Akamasoa et coupe toute électricité et communication.
Recette en main, entre deux averses, je prétexte l’achat d’artisanat malgache pour aller à Tana. Direction le JUMBO, grand supermarché ou l’on ne croise que les expatriées et les épouses des hauts fonctionnaires, tant les prix sont inabordables pour la population.
Ni une ni deux, je rempli le caddie de farine, levure, jambon, sauce tomate et fromage râpé, accompagné de jus de fruit et yaourts (ça au moins je suis sure que ce sera réussi !) pour faire de ce repas une fête.
De retour à Akamasoa, je range les courses dans le frigo en plein dégivrage, le courant n’étant rétabli que par intermittence.
Dans la cuisine je suis rapidement rejointe par quelques gamines venue voir la vahiny cuisiner, toutes veulent m’aider.  Je réparti donc les taches. Un regard sur leur main et leur vêtement (typique de l’occidentale aseptisée), je détourne le regard, au diable, ici Dieu est avec nous ! Où est l’importance : la saleté de leur main ou le bonheur dans leurs yeux ?
Mes aides recrutées, les ingrédients achetés, il n’y a plus qu’à…. Où est la balance, où est le rouleau à pâtisserie, où sont les moules ???? Regards effrayés des filles, elles comprennent que la vahyni n’a pas le matériel adéquat, peur que les pizzas ne restent qu’un rêve…. Coup de tonnerre dans le ciel, coup de stress en cuisine: on va se débrouiller, je n’ai pas le droit de les décevoir.  Les bouteilles vides serviront de rouleau, les plaques du four de moules, mon flair de balance……
Dans une grande bassine, les petites mains malgaches mélangent la farine, l’eau et la levure. Etape périlleuse, si la pâte est ratée, la pizza le sera aussi.


Nous laissons reposer la pâte. La chaleur et l’humidité ambiante sont nos alliées, en une heure la pâte déborde de la bassine : nous avons brillamment réussie la première étape, la pâte est digne de celle des plus grands pizzaiolos !                  


Garnir cette pate prend des allures de fête : Rina coupe le jambon, Poon tranche les champignons, Tojo ouvre les boite de conserve de sauce tomate (sans ouvre boite), Tsiory râpe le fromage sous l’œil attentif des autres gamines.



Vingt minutes plus tard les pizzas sont prêtes à être enfournée pour le repas de 19h00, le Père est intraitable sur l’horaire du diner.  


Nous allumons le four, ou plutôt nous essayons …………. panne de gaz. De nouveau stress et angoisse dans les yeux des filles. Le problème vite résolu par le Père …….il y a une bonbonne de gaz en réserve. Ouf !!!!
Trente minutes plus tard, et avec du retard sur l’horaire conventionnel, nous sommes tous attablés autour de nos magnifiques pizzas.


Les yeux brillent, le silence se fait autour de la table, c’est la fête.
Camille me donne ici l’occasion de parler des enfants d’Akamasoa et je l’en remercie vivement. Parler de la misère et de la pauvreté autour de la confection d’une pizza peut paraitre déplacé. Dans cette mission humanitaire où les enfants n’ont bien souvent qu’une assiette de riz à manger par jour, une pizza représente beaucoup, on oublie l’espace d’un repas la pauvreté et comme tous les enfants du monde on déguste une pizza. Le quotidien de nos enfants fut  ce soir-là une exception chez ces enfants malgaches.
Ces regards, ces petits doigts ramassant les dernières miettes et ces rires sont ce qu’il y a de plus beau.  Cela peut  paraitre incongru mais au milieu de cette pauvreté, cette soirée reste un des instants les plus forts de ma vie. La magie d’Akamasoa a une nouvelle fois opéré, le temps et l’espace n’existaient plus, nous étions juste nous, ensemble et heureux. Une pause dans la vie ou les enfants sont redevenus des enfants.
J’ai fait une pizza pour les enfants d’Akamasoa.
Les enfants m’ont offert leurs yeux brillants et leur rire éclatant.
C’est moi, la vahyni, qui ait le plus reçu ce soir-là.
Impossible de vous dévoiler la recette de cette fameuse pizza... les ingrédients sont introuvables en France. Par contre, si vous voulez en savoir plus sur l’action du Père Pedro OPEKA et sur AKAMASOA, n’hésitez pas à cliquer sur le lien : www.perepedro.com, et qui sait, au hasard des photos, verrez-vous peut être quelques miettes de pizza sur le sourire d’un des enfants.

Merci à vous tous.

Je n’ai jamais refait de pizza…"


Dons en ligne : ici

Contact :
L'association « Les Amis du Père Pedro »
Association de soutien à l'action du Père Pedro OPEKA
BP 640
77103 MEAUX CEDEX
email : assoc.ppedro.opeka@orange.fr

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